
La réforme des règles de l’assurance-chômage, d’une ampleur inégalée, commencera à entrer en vigueur le 1er novembre, avant de fonctionner à plein à partir du printemps. « On va passer d’un système d’indemnisation chômage à un système d’accroissement de la pauvreté », dénonce la CFDT. Simulations à l’appui, Mediapart en détaille les conséquences catastrophiques pour les chômeurs.
Il y a à peine plus de deux ans, les ordonnances réformant à marche forcée le droit du travail étaient présentées par le gouvernement, sur fond de polémiques et de débats autour de la pertinence d’une telle réforme, et sur la légitimité de l’exécutif tout juste élu à la mener. Cette semaine, une autre secousse majeure va ébranler l’assurance-chômage et les 2,6 millions de Français qui touchent chaque mois de l’argent de Pôle emploi. « La plus grosse réforme de notre système depuis trente ans », souffle en coulisse un haut dirigeant dudit système.
Et pourtant, cette transformation radicale des règles régissant la façon dont les salariés sont indemnisés lorsqu’ils perdent leur emploi ne crée guère de controverse. Mis à part les alertes de certains internautes ayant saisi le sujet à bras-le-corps (par exemple ici et là), le silence reste profond au sujet d’une réforme qui s’apprête à entrer en vigueur – en deux étapes : une partie des changements s’appliqueront à tous ceux qui subiront une rupture de contrat de travail à partir du 1er novembre, et les modifications les plus conséquentes concerneront les ruptures à partir du 1er avril prochain.
Il y a deux ans, Mediapart avait détaillé ce que le gouvernement s’apprêtait à infliger aux salariés avec les ordonnances. Aujourd’hui, pour susciter le débat, il faut expliquer concrètement, simulations à l’appui, ce que l’exécutif va faire vivre aux demandeurs d’emploi, et souvent aux plus fragiles d’entre eux.
Des allocations mensuelles en baisse, divisées par plus de trois dans les pires des cas ; des centaines d’euros versés en moins sans beaucoup d’explications ; des modifications techniques entraînant des conséquences parfois désastreuses, et incohérentes avec le discours gouvernemental valorisant le travail et la reprise d’un emploi à tout prix… Voilà les conséquences attendues d’une réforme largement inspirée par les idées avancées dans une note de 2015 des économistes Corinne Prost et Pierre Cahuc. Ce dernier est très proche de Marc Ferracci, conseiller spécial de la ministre du travail Muriel Pénicaud, et par ailleurs témoin de mariage d’Emmanuel Macron.
Nos calculs (disponibles dans leur intégralité sous l’onglet Prolonger de cet article) sont basés sur les chiffres publics de l’Unédic, l’organisme qui gère le régime de l’assurance-chômage, et sur les simulations de l’association Solidarités nouvelles face au chômage et de l’un de ses animateurs, Jean-Paul Domergue, qui fut directeur juridique de l’Unédic jusqu’en 2015.