Prix du gaz Le gouvernement a écouté les revendications de la CLCV

Communiqué de presse 16 février 2022

La CLCV prend acte des mesures annoncées par le Premier ministre concernant l’extension du blocage du tarif réglementé sur les prix du gaz à l’ensemble des logements (HLM et copropriétés), alors que les prix du marché progressent de jour en jour à un niveau inédit.

Cette annonce répond aux besoins d’équité et de justice que les locataires et consommateurs demandaient, et que la CLCV soutenait auprès des pouvoirs publics depuis plusieurs semaines. Il aurait été impensable de laisser cette situation perdurer trop longtemps, alors que plusieurs de nos concitoyens ont du mal à se chauffer, que le pouvoir d’achat est en berne, et que les factures explosaient (jusqu’à 1000 euros de plus par an pour un ménage dans un quatre pièces).

La CLCV demeure vigilante quant à l’application de ces mesures, et leurs effets concrets pour les locataires, les copropriétaires et les consommateurs.

EDF: pour sauver la flottille des revendeurs, on coule le navire amiral!

Gérard Petit

Ingénieur en génie atomique, retraité d’EDF – 26 janvier 2022

Déjà affaiblie par de nombreuses saignées et des conditions réglementaires adverses, EDF est commise d’office au secours de ses propres concurrents, au risque de sa propre survie.  Elle va voir augmenter le volume de l’Accès régulé à l’énergie nucléaire historique (ARENH), une disposition de la loi NOME qui permet aux fournisseurs alternatifs d’accéder à un prix régulé de l’électricité produite dans les centrales nucléaires. Or cette augmentation enferre davantage le pays dans le schéma tragique de la fausse concurrence. Elle met en péril EDF, et avec elle le modèle nucléaire.

Du poison lent à l’overdose

Historiquement, l’ARENH avait été mise dans la balance pour faire accepter par la Commission européenne une entorse au principe de la concurrence « libre et non faussée » étendu au marché unique de l’électricité : le maintien de tarifs régulés de vente (TRV) destinés théoriquement à continuer à faire profiter les consommateurs français du bas coût de la production nucléaire.

L’ARENH a été institué en 2010 par la loi Nouvelle organisation du marché de l’électricité (NOME). Son objectif était de créer de nouveaux producteurs d’électricité, car c’est seulement au niveau de la production que peut s’exercer une vraie concurrence.

Durant une période transitoire, limitée en principe à 2025, l’ARENH devait ainsi permettre l’émergence de nouveaux acteurs en situation de faire des offres de marché inférieures aux TRV, et parallèlement de construire leurs propres outils de production, afin que l’électricité produite par EDF, d’origine principalement nucléaire, ne soit plus la seule source du système.

Mais le risque était que la situation confortable faite aux concurrents d’EDF ne les incite guère à devenir producteurs, mais se nichent dans le statut très rentable de « pure players », sans prendre aucun risque industriel, financier ou social. Et c’est bien ce qui se produisit, car très rares et très modestes ont été les moyens de production construits par ces nouveaux acteurs depuis 2010.

De plus, la loi n’ayant pas contraint les réservataires de parts d’ARENH à enlever les volumes souscrits, il était possible d’effectuer des « « aller-retour » quand le niveau des marchés était inférieur à l’ARENH et ainsi, de maximiser les bénéfices. Les pure players ne s’en sont pas privés !

Toutefois, cette situation profitant globalement à leurs clients, le pouvoir politique était peu enclin à rappeler les règles. Ainsi, la clause de révision annuelle du tarif de l’ARENH n’a-t-elle jamais été appliquée.

À l’époque, Bruxelles avait dû s’étonner du caractère surréaliste de cette proposition française qui revenait, sans détour, à demander à EDF de subventionner généreusement ses propres concurrents, leur permettant non pas simplement d’exister et d’accroître leur part du marché, mais aussi et surtout de s’enrichir facilement. Mais multiplication des acteurs (80 en ce moment !) et affaiblissement corrélatif d’EDF étant des tropismes bruxellois, la Commission a accepté l’entorse française, d’autant que, de ce fait, elle avait les cartes en main, toute évolution du dispositif (prix de vente, volumes) ne pouvant se faire qu’avec son aval.

À ce titre, il est notable qu’une modification de la loi NOME («amendement Total» voté en 2019, avant la séquence Covid), portant le plafond de l’ARENH de 100 TWh à 150 TWh, n’ait pas été acceptée par Bruxelles.

Spoliation: un mot bien faible, pour un mal bien fort

Cette fois, il est très probable que le Gouvernement français ait eu l’accord de la Commission, tant pour accroître le volume d’électricité qu’EDF doit céder à ses concurrents (de 100 TWh à 120 TWh), que pour un relèvement (très relatif celui-là) du tarif (de 42 €/ MWh à 46,2 € /MWh) pour les seuls 20 TWh supplémentaires.

Ce tarif n’avait pas évolué depuis 2011, sans même suivre l’inflation. D’entrée, il ne couvrait pas les coûts complets de production (estimés à l’époque par la Cour des Comptes à 55€/ MWh), or ceux-ci se sont accrus dans l’intervalle, entre autres à cause de la maintenance lourde des installations, sous forte contraintes Covid.

Autrement dit, EDF vend ses MWh à perte à ses concurrents et on lui demande d’en vendre encore davantage. Un schéma ubuesque en économie de marché !

Plus impensable encore, les 20 TWh demandés en supplément et qui seront payés 46,2€/MWh avaient déjà été « placés » par EDF, qui devra donc (pour cet exercice, voire d’autres) s’approvisionner sur le marché en surchauffe à plus de 200 €/MWh afin de servir ses propre clients.

Enfin, faveur nouée autour du paquet, la production nucléaire ayant diminué dans l’intervalle, compte tenu d’une moindre disponibilité des réacteurs liée aux opérations de maintenance lourde déjà évoquées, ainsi qu’à la fermeture de Fessenheim, 100 TWh représentait déjà une proportion prélevée sensiblement plus importante qu’au moment du vote de la loi NOME (2010). Elle instaurait l’ARENH sur la base d’une cession du quart de la production nucléaire ; on en est aujourd’hui au tiers.

Mais la Commission de régulation de l’énergie (CRE, le régulateur français du marché de l’énergie), si sourcilleuse vis-à-vis du respect par EDF de dispositions la ruinant, n’a rien exigé de contrevenants qui ne construisent rien ; elle se contente de se réjouir de l’hémorragie du portefeuille EDF, sans réaliser qu’elle a la même pertinence  thérapeutique que les saignées de Monsieur Purgon !

TRV: une butte témoin dénaturée

La même CRE a, par ailleurs, toujours œuvré pour que les TRV soient suffisamment élevés pour que les concurrents d’EDF puissent faire des offres, souvent indexées aux TRV, mais légèrement avantageuses par rapport à ceux -ci.
Les TRV, qui au départ se voulaient représentatifs des coûts de production (+ acheminement + taxes) ont, depuis 2015, été reconstruits de manière à figurer les conditions d’approvisionnement des concurrents d’EDF. Cette méthode dite  « d’empilement des coûts » intègre donc, outre l’ARENH, une composante « prix de marché ».

Cette modification visait à ménager aux concurrents d’EDF une marge suffisante pour qu’ils restent « moins-disant » par rapport aux TRV, tout en réalisant des profits. Certes des TRV plus élevés procuraient de meilleures recettes unitaires pour EDF, mais ne permettaient guère de compenser l’évasion de 100 000 clients par mois… hémorragie dans laquelle la CRE voyait un signe de bon fonctionnement de la martingale !

Mais cette introduction des prix de marché dans la fixation du niveau des TRV s’est révélée une bombe à retardement, laquelle a explosé, quand lesdits prix de marché se sont envolés, provoquant la crise aigüe que l’on connaît aujourd’hui.

Les concurrents d’EDF, dont les portefeuilles s’étaient gonflés, avaient dû, compléter leur part d’ARENH, en s’approvisionnant sur le marché dont les cours étaient alors relativement bas, avant qu’ils n’atteignent rapidement des niveaux astronomiques. Ils se sont alors trouvés acculés et ont, soit abandonné froidement leurs clients en leur recommandant de s‘approvisionner au TRV, soit répercuté les hausses, perdant aussi vite leurs clients qu’ils les avaient gagnés.

Sacrifions le soldat EDF!

Pour maintenir artificiellement un semblant de concurrence, le gouvernement aux abois renonce à la juteuse contribution au service public de l’électricité (CSPE, acquittée par les consommateurs, et qui d’ailleurs n’avait plus de raison d’être s’agissant du soutien aux productions d’électricité intermittente, puisque celui-ci est désormais financé via la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE).

Comme c’est insuffisant, le gouvernement met aussi à mal le loyal soldat EDF, déjà affaibli par les conditions adverses qui lui sont faites depuis longtemps et qui n’est pour rien – tout au contraire – dans cette flambée des prix, elle-même symptôme d’un mal profond.

Ces mesures, présentées comme une sauvegarde du pouvoir d’achat, apparaîtront néanmoins pour ce qu’elles sont : un « sauve qui peut » cynique, alors qu’on approche à grands pas des rendez-vous électoraux.

L’évolution actuelle, certes motivée par les circonstances, peut néanmoins se lire comme une étape supplémentaire vers un ARENH généralisé, une des conséquences implicites du projet « Hercule » de réforme d’EDF que le Gouvernement n’a pu faire aboutir, devant l’opposition résolue de l’ensemble des syndicats d’EDF.

Des associations influentes comme « Que choisir ? » demandent depuis longtemps l’accroissement du volume de l’ARENH, en ignorant volontairement les conséquences sur la viabilité d’EDF et arguant que tous les Français doivent pouvoir profiter de la rente nucléaire.

À cet égard, la tentation est grande de devoir rappeler que le meilleur moyen d’en profiter était de maintenir le statu quo ante : EDF entreprise publique, exploitant unique de la flotte nucléaire, en situation de monopole national.

Mais le péril que représentait EDF (éléphant agile et performant) pour ses concurrents européens était trop grand. Il a donc été décidé de l’entraver, avant de la réduire.

Au risque du pire

In fine, plutôt que de constater la faillite de l’extravagant système tarifaire mis en place en France, très largement politicien, déconnecté des réalités techniques et économiques, et d’en tirer les conséquences pratiques, le gouvernement s’est employé à fournir de l’oxygène à haut débit aux concurrents d’EDF, en situation de devoir être réanimés. Il a donc pris le risque de poursuivre le sciage de la branche sur laquelle repose toute la source nationale d’électricité.

Si cette branche finit par tomber, les concurrents artificiels, véritables prédateurs du système, pourraient bien être entraînés dans sa chute. Une bien maigre satisfaction, d’autant que dans l’exercice NOME, ils auront engrangé, sans peine et sans risque, de confortables magots.

Dans un premier temps, les clients qu’on informe mal se croiront soulagés, car on aura temporairement bloqué la hausse de leurs factures. Mais, n’en doutons guère, les élections passées, le contribuable (souvent client) sera lourdement appelé à la rescousse.

Ce renflouement, qu’on imagine déjà énorme, pourrait bien ne pas suffire à revivifier un système que tous nous enviaient car c’était le moins cher d’Europe, mais qu’on aura poussé à la ruine.

Hausse du prix du gaz : insupportable pour de nombreux locataires

Association Consommation Logement Cadre de Vie
32 rue Gabriel Péri, 63 000 Clermont-Ferrand
04 73 36 75 91
 
http://puydedome.clcv.org/

De nombreux locataires nous interrogent sur les hausses des acomptes sur charges de 2 bailleurs : Auvergne Habitat et OPHIS. Il s’agit de locataires raccordés à une chaudière collective. Ils nous font part de leur désarroi devant la hausse de leur quittance de loyer et charges. Pour un grand nombre d’entre eux, des hausses de 50 à 100 € par mois ou plus, cela devient insupportable , en sachant la paupérisation existante dans le parc social.

Nous avons deux avis d’échéance avec des consommations d’eau chaude de 9m3 pour l’un des locataires et de 7 m3 pour l’autre. Le surcoût est de 11,48 € par m3 avec un prix du m3 de 18,99 € ! Cela représente une hausse rien que sur l’eau chaude de 103 € dans un cas et 80 € dans l’autre. Cela fait très mal. Et il faut rajouter la hausse des acomptes sur le chauffage !!! De plus, ces augmentations devraient se poursuivre !  HALTE ! Avons-nous envie de crier !

NOS PISTES D’ACTION :
1) Interrogation des bailleurs sur le type de contrat qu’ils ont souscrit : tarif fixe sur la durée du contrat (1 à 4 ans) ou indexée sur la base des indicateurs du marché du gaz, notamment le PEG (Point d’Echange Gazier). ? Quelles sont les marges prises par les fournisseurs par rapport à leur véritable prix d’achat ?

2) Il faut savoir qu’ayant un chauffage collectif, les locataires ne peuvent bénéficier du tarif réglementé depuis 2015. Donc, ils ne peuvent bénéficier de la mesure prise par le Gouvernement en octobre consistant à geler le prix du gaz.

La libéralisation du marché sur un produit essentiel comme le gaz doit être revu et un encadrement des prix doit être envisagé.

3) De même, il est indispensable de revoir le forfait charge pris en compte pour le calcul des APL ; le tarif actuel est complètement déconnecté de la réalité des coûts réels.

4) Nous demandons également en urgence l’élargissement du chèque énergie à toutes les personnes concernées par la prime inflation et sa revalorisation.

5) Enfin, nous rappelons aux bailleurs qu’ils sont censés consulter les représentants des locataires dans le cadre des Conseils de Concertation Locative sur toute mesure concernant la gestion des immeubles. La hausse des acomptes de chauffage et du prix de l’eau chaude sont des éléments concernant cette gestion des immeubles. Les bailleurs l’ignorent. L’un, Auvergne Habitat a consulté le 2/12/2021 alors que la hausse existait depuis novembre, l’autre OPHIS, a totalement ignoré cette démarche et le 3è Assemblia va augmenter les acomptes à compter de fin janvier sans que le CCL se soit réuni auparavant. En principe « information » et « consultation » ce n’est pas la même chose. La consultation prévue par les textes devrait se faire plutôt en amont !!

Il a aussi été décidé de mener une étude au niveau de la CLCV  nationale, sur ces évolutions de prix dans le cas de chaufferies collectives, hors chaufferies urbaines. Ensemble, nous aurons plus de chance d’être efficaces.

+8,7% sur le prix du gaz en septembre 2021 : il faut un retour au service public de l’énergie, 100 % public avec une maîtrise publique .

 Le mois de septembre marque la 5ème augmentation consécutive depuis le mois de mai 2021 : +8,7% par rapport à août. Selon la CRE (Commission de régulation de l’énergie), l’augmentation des coûts d’approvisionnement d’Engie en est la seule explication. Cette dernière hausse place le prix actuel du gaz naturel au point le plus élevé depuis 2015. Les usagers qui sont encore abonnés au tarif réglementé s’apprêtent donc à voir leur facture augmenter radicalement.

Récapitulatif des hausses et baisses du tarif réglementé du gaz en 2021
Janvier Février Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septembre Octobre Novembre Décembre
+0,2% +3,5% +5,7% -4,1% +1,1% +4,4% +9,96% +5,3% +8,7%

Depuis 2004, le prix du gaz a doublé pour l’usager. et nous avons en France 3,5 millions de ménages  « en situation de précarité énergétique »

Pour la CGT, rien ne justifie une telle hausse, elle revendique un retour au service public de l’énergie, 100 % public avec une maîtrise publique .

ÉNERGIE, UNE FILIÈRE INDUSTRIELLE INDISPENSABLE

Bernard Devert*

 

La crise sanitaire a mis en évidence les conséquences délétères de la désindustrialisation et de l’absence de contrôle démocratique sur la stratégie industrielle. Une révolution à tous les niveaux, des pouvoirs locaux à la coopération internationale, est nécessaire pour répondre aux défis économiques, écologiques, démocratiques et sanitaires.

LA FRAGILITÉ DU TISSU INDUSTRIEL RÉVÉLÉE

La crise sanitaire a mis en évidence le fait que notre pays n’était plus en capacité de produire du matériel essentiel à la lutte contre le virus et de soigner la population : masques, respirateurs, tests, vaccins, 2450 médicaments en situation de rupture de stock. Dans un domaine aussi stratégique que la santé, nous sommes devenus dépendants des choix politiques d’autres pays ainsi que des stratégies des multinationales.

L’exemple de la pénurie des masques est révélateur : une entreprise en Bretagne qui avait une capacité de production de masques pouvant aller jusqu’à 200 millions d’unités par an fut fermée en 2018 par le groupe états-unien Honeywell, qui l’avait rachetée huit ans plus tôt. Un autre exemple : après avoir supprimé 1700 postes de chercheurs et fermé plusieurs laboratoires, Sanofi veut supprimer encore 400 emplois dans la recherche, alors que le groupe se trouve en difficulté pour élaborer un vaccin contre la covid-19.

Cette situation a créé de fortes interrogations parmi la population sur l’état de l’industrie et du service public dans notre pays. Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) dans son dernier avis l’a mise en évidence et a souligné que « La crise sanitaire a montré l’importance pour notre pays de recouvrer son indépendance, sa souveraineté et sa maîtrise de filières stratégiques face aux bouleversements économique, sociaux et environnementaux ».

PRODUCTION D’ÉNERGIE ET AUTRES FILIÈRES INDUSTRIELLES

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