Cette explosion des inégalités à un niveau historique sapent aujourd’hui jusqu’aux fondements même de la démocratie et c’est ce qui se voit très bien dans la partie du ROB consacrée aux dispositions du projet de loi de finance 2018 impactant les collectivités territoriales entre règle d’or et encadrement des dépenses publiques .
La reprise de la croissance mondiale suit son cours comme prévu. La croissance mondiale attendue pour l’année 2018 se situe entre 3,1% et 3,9%, celle de la zone euro devrait atteindre 2,1%. En France elle serait de 1,9%.
Voilà la doxa diffusée par nombre de journalistes de la presse écrite, radio et télévision.
Voilà les chiffres que vous nous rappelez dans le ROB aujourd’hui.
Mais c’est à se demander si le retour de la croissance est une bonne nouvelle. Non seulement on a du mal à en voir les effets sur l’emploi et le pouvoir d’achat , vous le notez vous-même , mais en plus ce retour est l’occasion d’un satisfecit des élites politiques et autres réformateurs vantant les bienfaits de l’austérité permanente, de la flexibilité et de la compétitivité.
Seulement, comme le dit Rouletabille, il faudrait regarder par le bon bout de la lorgnette.
On verrait alors que la croissance est devenue un mot vide de sens pour la majorité d’entre nous – elle ne représente plus rien de réel.
Rien pour les salariés de Dunlop, de Carrefour , de GMS , de PSA , de Royal Tobacco , des Ehpad, des hôpitaux, des services publics, de la fonction publique territoriale et pour tant d’autres
et même à Beaumont la « charge salariale », expression que je mets entre guillemets, a été contenue ce qui signifie entre autre que des emplois n’ont pas été créés et vous avez externalisé plus de prestations.
C’est le grand écart entre l’indicateur de croissance du PIB et la réalité sociale, économique et environnementale.
Encore citant certains pays européens vous avez eu la décence de ne pas mentionner l’Irlande qui a vu doubler sa population vivant en dessous du seuil de pauvreté mais dont le PIB est largement supérieur à celui de l’Allemagne, ce qui s’explique par sa qualité de paradis fiscal.
Car la globalisation du capital financier et la compétitivité génèrent évasion et concurrence fiscales à grande échelle . De plus en plus de dividendes au détriment des investissement productifs , des salaires et des impôts. C’est quasi du vol organisé. La croissance ne profite qu’à un petit nombre .
Car il y a d’autres chiffres à donner pour la France :
entre 4,9 et 8,5 millions de personnes considérées comme pauvres
en 4 ans plus de 800 000 personnes en plus sous le seuil de pauvreté
plus de 140 000 personnes sans domicile fixe, et pas par choix, dont nombre d’enfants
6 enfants sur 10 qui ont peur de devenir pauvres un jour
la précarisation croissante du monde paysan et des suicides multipliés par 3 en 2016
On a trouvé, en bonne politique, le secret de faire mourir de faim ceux qui, cultivant la terre, font vivre les autres.
cette phrase de Voltaire peut s’appliquer peu ou prou aujourd’hui à tout le monde du travail
Cette explosion des inégalités à un niveau historique sapent aujourd’hui jusqu’aux fondements même de la démocratie et c’est ce qui se voit très bien dans la partie du ROB consacrée aux dispositions du projet de loi de finance 2018 impactant les collectivités territoriales entre règle d’or et encadrement des dépenses publiques .
Le président de l’AMF, auditionné à l’assemblée nationale , a soulevé ce point crucial de l’autonomie et de la libre administration des collectivités territoriales. Le Conseil Constitutionnel a fixé à 60,8% de ressources propres le seuil d’autonomie des collectivités territoriales. A 60,9% aujourd’hui nous sommes tout proche d’une situation de dépendance. La fin de la taxe d’habitation va aggraver la dépendance des collectivités aux flux financiers de l’Etat.
Alors que le niveau communal reste le plus proche des citoyens et le mieux élu – la participation reste forte pour les élections municipales – il est aujourd’hui en passe d’être vidé de sa substance , et la métropolisation que vous avez soutenue n’a fait qu’accentuer cette rupture démocratique.
Après cela comment vous reprocher le peu d’élan que dégage la lecture de vos projets pour la commune.
Hormis le fait de ne pas vouloir augmenter la fiscalité locale , mais le faisant vous auriez eu peut-être du mal à expliquer qu’à l’inverse à la CAM vous aviez exonéré en 2017 une grande entreprise locale pour un montant de 900 000€.
Enfin si nous pouvons nous réjouir des différents projets de logements sociaux sur notre commune, nous aurons à rester vigilants sur leur financement et leur avenir.
Et parlant d’avenir, vous évoquez un budget qui prépare l’avenir, nous aurions également aimé lire des engagements plus spécifiques sur la petite enfance, la jeunesse et la culture, éléments primordiaux et indispensables de la formation des jeunes.
Mais nous attendons de découvrir le budget 2018 dans sa totalité pour affiner notre réflexion.
Christine Thomas