« Oui, nous allons lancer les enchères de la 5G. Oui, nous avons pris nos responsabilités sanitaires, environnementales». Ah bon ? Et les incertitudes sanitaires, environnementales, justement invoquées quelques jours plus tôt par la convention citoyenne pour le climat ? « Cette évaluation environnementale et sanitaire, nous l’avons, nous la faisons » assurait Agnès Pannier-Rusacherle, secrétaire d’état à l’industrie au mois de juin à l’Assemblée Nationale en réponse à une question du député LFI François Ruffin.
Or, même l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) ne rendra ses premières conclusions qu’au printemps 2021.
En décembre 2018, un rapport sur les nouveaux problèmes en santé et environnement du Conseil scientifique de l’UE relevait qu’alors que « la controverse se poursuit sur les nuisances des actuelles technologies sans fil 2, 3 et 4G, les effets sur l’homme et l’environnement des technologies 5G sont encore moins étudiés que les précédentes ». Puis, plus loin « le manque de preuves claires sur le développement de l’exposition à la technologie 5G ouvre la possibilité de conséquences biologiques imprévues ».
Martin Pall, professeur émérite en biochimie à l’université de Washington, spécialiste des ondes électromagnétiques à basse fréquence, déclarait devant une délégation de parlementaires européens : « La 5G nécessite des ondes particulièrement puissantes, qui vont produire une pénétration accrue des champs électromagnétiques. Car leur idée, c’est d’utiliser beaucoup plus d’antennes qu’avant, pour mieux tout couvrir et tout pénétrer, les murs par exemple. Bref, les fonctionnaires de la Commission sont prêts à installer des dizaines de millions d’antennes 5G qui vont affecter tout le monde dans l’Union, et ce sans un seul véritable test biologique, alors qu’on pourrait l’effectuer rapidement et à bas coût ! Enfin, pour ça, il faudrait une volonté politique… ».
Mais voilà : l’UE préfère se baser, pour guider ses réflexions et ses investissements, sur les tests de l’industrie elle-même… Éudes qui étaient déjà bidonnées pour les portables : les industriels testent les appareils à quelques centimètres de l’oreille, comme si l’utilisateur ne collait pas le téléphone à son tympan… Et là, les normes sont respectées. Mais dès qu’on rapproche le téléphone, les normes sont explosées!
En 2017, 180 scientifiques de 37 pays appelaient déjà à un moratoire sur la 5G. Appel renouvelé avec plus d’ampleur quelques mois plus tard. Leur angoisse : une exposition « 24h/24 et 365 jours par an », sans sortie de secours « qui n’épargnera rien ni personne sur la planète ». Et tant pis pour les personnes électrosensibles que l’Anses estime à 5 % de la population (soit plus de 3 millions de personnes en France).
Mais pour ses hérauts rien n’y fait. « La 5G c’est l’avenir », « Être en retard sur la 5G n’est pas une option » prévient Sébastien Soriano, le directeur de l’Arcep, le gendarme des Telecoms. Pas question d’être « en retard sur le reste de la compétition » répète Agnès Pannier-Rusacherle.
Linky était le premier pas vers le « smart world » de la 5G. « Tous les engins, les appareils, les machines et les dispositifs vont être équipés de capteurs qui vont relier chaque objet à chaque individu, en un vaste réseau numérique neural qui se déploiera dans l’ensemble de l’économie mondiale » s’enthousiasme le chantre de la croissance verte et technologique, Jeremy Rifkin.
L’idée c’est donc un monde qui brassera des milliards de données à la seconde pour pouvoir regarder des videos en streaming dans le métro, pour que le panneau publicitaire s’adapte instantanément à nos goûts en fonction du contenu de notre téléphone connecté, pour que notre frigo envoie directement la liste des courses à l’hypermarché qui n’aura plus qu’à livrer, pour ouvrir la voie aux interfaces cerveau-ordinateur, à la téléchirurgie, …
On estime à 75 milliards le nombre d’objets connectés dans le monde en 2025.
Mais à quel coût écologique pour ces « progrès » contestables ?
Comme toujours, on nous promet une technologie plus verte. Mais la 5G va nécessiter 8 fois plus d’antennes relais, et même 32 fois plus en milieu urbain. Avec la 5G, la multiplication des flux et des antennes, c’est déjà 2 % de plus de consommation d’électricité en Chine. En attendant la 6G (8000 fois plus rapide) déjà en gestation et promise pour la fin de la décennie…
Alors oui, il faut un moratoire et un débat démocratique sur la 5G, et plus largement sur le numérique, pour remettre en cause le culte de la technologie salvatrice et jeter les bases d’un contrôle citoyen sur les stratégies d’investissement de l’ État et des multinationales.
La covid, les incendies et les inondations nous le rappellent : il est urgent d’imposer des limites à la folie productiviste.
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François Ulrich
Conseiller municipal
Les insectes en danger
Le 19 mars, le ministère de la transition écologique publiait son étude sur la biomasse des insectes volants, et la disparition de 75 % d’entre eux depuis trente ans à cause de « la charge massive des pesticides ». Les ondes risquent de contribuer à leur disparition… Selon Martin Pall « Le rayonnement 5G sera principalement absorbé par les 1 ou 2 mm extérieurs du corps- le secteur des télécommunications lui-même le dit. […] Les insectes, par exemple, seront beaucoup plus touchés que nous, c’est sûr. Mais aussi les arthropodes, les oiseaux, les petits mammifères, les amphibiens… ». Et moins d’insectes, c’est moins d’oiseaux qui ne peuvent plus se nourrir, moins de pollinisation, moins de végétation… |
François Ulrich
Conseiller municipal