Sa présence aurait-elle dérangé l’Élysée? La syndicaliste Nadine Hourmant, déléguée Force Ouvrière du volailler Doux, a été retirée de la liste des Français qui doivent interpeller le président de la République, jeudi 14 avril, pour l’émission « Dialogues citoyens » sur France 2. « Ils m’ont juste dit que l’émission avait été reconfigurée et que je n’y participais plus », a-t-elle expliqué au Parisien ce lundi 11 avril.
« Le président ne veut pas parler à la France d’en bas. Il refuse le débat démocratique. Nous sommes muselés », regrette celle qui devait être la seule syndicaliste en plateau.
En octobre 2013, le visage de Nadine Hourmant avait fait le tour des télévisions françaises. Dans une séquence qui a marqué l’opinion, on la voit crier sa détresse après l’annonce de nouveaux licenciements dans l’industrie agro-alimentaire en Bretagne. « Vous n’avez rien fait! Pas plus les élus de droite que de gauche » s’était-elle emportée face à des élus de la région venus à la rencontre des syndicalistes
En septembre 2014, Nadine Hourmant avait déjà participé à l’émission « Des paroles et des actes« , face à Jean-Christophe Cambadélis, Marine Le Pen, Nathalie Kosciusko-Morizet et François Bayrou. « Est-ce que vous savez ce que c’est que d’être payé à 9,90 euros de l’heure? Est-ce que vous savez ce que c’est un retraité qui a travaillé pendant plus de 40 ans et qui perçoit moins de 1200 euros? Vous, les politiques, vous êtes déconnectés du terrain, vous ne savez pas ce que c’est que la vraie vie », leur avait-elle lancé.
D’après France 2, Nadine Hourmant devait intervenir sur le thème de la crise agricole. Selon l’intéressée toutefois, sa prise de parole devait plutôt revenir sur la loi El Khomri. Le Parisien indique qu’elle était en contact avec France Télévisions depuis le mois de février. « Une équipe de France 3 était même venue me filmer le 31 mars, lors de la journée d’action contre la loi El Khomri, afin de préparer un reportage pour l’émission », a-t-elle expliqué au quotidien.
Des rumeurs d’entente entre l’Élysée et France Télé
Comme l’indique Le Monde, l’émission de jeudi soir représente un double enjeu: politique d’abord, car elle doit laisser à François Hollande la chance de « rebondir avant 2017 ». Médiatique ensuite, puisqu’elle sera un premier aperçu de ce que proposera la chaîne après la réorganisation dirigée par Michel Field.
Le nouveau directeur de l’information de la chaîne s’est vu reprocher à plusieurs reprises sa collusion avec le pouvoir. « France Télévisions aurait envoyé le conducteur de l’émission à l’Élysée », écrit Le Monde, qui cite les confessions d’une journaliste de la chaîne: « On ne voit pas les signes de notre indépendance vis-à-vis de l’Élysée: d’habitude, on ne transmet que les profils des intervenants, pas les noms, et on donne les grandes lignes de l’émission, pas le détail. »
« Nous n’avons pas été trop conciliants: il y a eu des discussions âpres, où chacun a défendu son point de vue », justifie Michel Field. De son côté, France Télévisions indique avoir « pré-sélectionné une quinzaine de citoyens pour participer à cette émission. Nous avons recentré au fur et à mesure, afin de pouvoir aller au fond des sujets. Au final, seuls quatre Français vont intervenir jeudi soir ».
Le HuffPost | Par Claire Digiacomi