Mardi 17 décembre 2019, l’impérieuse urgence de se mobiliser tou.te.s (argumentaire)

Une évidence : la retraite au lieu d’être calculée sur les 25 meilleures années (salariés du privé) ou les 6 meilleurs mois (salariés du public), ce sont désormais les 43 annuités qui seront prises en compte. c’est-à-dire les 18 ou les 42,5 années où l’on gagne le moins.

            C’est désormais clair : après les annonces d’E. Philippe, on sait que quasiment tout le monde va perdre beaucoup ou énormément. Les explications délibérément confuses ne cachent pas quelques cruelles évidences.

Une fausse justification : aucun déficit ne justifie ces mesures. En effet, même dans le scénario catastrophe du Conseil d’Orientation des Retraites (COR), le déficit prévu pour 2025 serait de 17 milliards (soit 0,7 % du PIB). Rappelons que les cadeaux fiscaux d’E. Macron (ISF, Flat tax, Exit Tax) représentent un manque à gagner minimal de 12 milliards. N’oublions pas le CICE qui coûte 25 milliards/an sans effet identifié. Rappelons aussi que, en 2024, le régime de la sécurité sociale sera excédentaire de 18 milliards.

Un rappel : ce scénario « catastrophique » est établi par le COR qui précise avoir pris en compte des exonérations mises en place par ce gouvernement. Avant ces exonérations, le déficit était estimé à 8-10 milliards.

Une conclusion : Ce sont les choix de ce pouvoir qui génèrent une situation anormalement tendue … au profit des riches.

Un aveu : E. Macron affirme que ce projet n’est “pas avant toute chose budgétaire”. Il a raison comme on vient de le voir. Non, il s’agit d’une réforme idéologique qui va permettre de poursuivre les cadeaux aux riches et qui ouvrira en grand les portes à la recherche de solutions individuelles (pour ceux qui le pourront) par le biais des fonds de pension (le rôle d’un des leaders sur ce créneau est pointé par nombre de journalistes. Il s’agit de l’américain BlackRock qui dispose de ses entrées auprès d’E. Macron dès son élection).

            Devant ces évidences, le gouvernement s’emploie à diviser la population et continue d’affirmer, avec une effronterie à faire pâlir tous les arracheurs de dents, que son projet est juste. Il met en avant trois éléments pour justifier ce mensonge éhonté. Lesquels ?

1°) La fin des régimes des spéciaux

         Rappelons que les régimes spéciaux ne concernent que 3 % des salariés. Est-il vraiment nécessaire d’appauvrir tout le monde pour «régler leur compte» à si peu de personnes ?

Les cheminots se trouvent systématiquement pointés du doigt, avec l’aide de média  complaisants. qui les mentionnent toujours mais oublient souvent d’autres secteurs largement mobilisés comme l’énergie par exemple. Or le cas des cheminots est d’ores et déjà réglé puisqu’à partir du premier janvier 2020 les recrutements ne se feront plus sur la base du régime spécial. Le projet du gouvernement ne concerne au final «que» 30 à 60 000 cheminots. Une goutte d’eau surtout  comparée aux 150 000 policiers et 200 000 militaires qui garderont un régime spécial. Pourquoi donc 2 poids, 2 mesures ?

2°) Des progrès pour les femmes

         Le gouvernement présente son projet comme particulièrement favorable aux femmes. Il met en avant pour cela une majoration des cotisations de 5 % dès le premier enfant et le passage de la réversion de 60 % à 70 %.

 Mais il omet de préciser 4 choses :

– d’abord, les familles perdent massivement à partir de 3 enfants (elles auront une surcotisation de 17 % et non plus de 20%). Dommage de pénaliser la natalité alors que les enfants sont les cotisants de demain.

– ensuite, le gouvernement “oublie” qu’actuellement les femmes bénéficient de 8 trimestres par enfant dans le privé (4 dans le public). Même si un dispositif de 5 % d’apport est instauré, il ne compense pas le dispositif actuel.

– de plus, ces 5 % sont donnés au couple qui choisit des les attribuer à la femme ou à l’homme. Comme les salaires, et donc les cotisations, des hommes sont plus élevées, ces 5% leur seront logiquement majoritairement attribués puisqu’ils rapporteront plus, ce qui pénalisera encore plus les femmes et accroîtra significativement leur dépendance

– enfin, la pension de reversion concerne à 88 % les femmes dont l’espérance de vie est plus élevée. Elle est aujourd’hui de 60 %, cumulable (si l’on a eu plusieurs conjoints) et disponible à partir de 55 ans. Avec le projet gouvernemental, cette pension passerait de 60 à 70 %, certes,  mais elle ne serait plus cumulable et ne serait disponible qu’à partir de 62 ans ! Ainsi, les femmes des catégories populaires, les plus précaires, celles qui ont le malheur de perdre leur.s conjoint.s le plus tôt devraient subir 7 années (entre 55 et 62 ans) de misère avant de pouvoir toucher cette pension.

Les femmes, contrairement à ce qu’affirme le gouvernement, seront donc, une fois encore, les plus grandes victimes de ce projet.

3°) La retraite à 1 000 euros

Que n’a-t-on entendu sur ce seuil symbolique des 1 000 euros. Quelle joie de voir les représentants de la majorité s’enorgueillir de ce chiffre faramineux.

1 000 euros donc, pour une cotisation pleine : est-ce un progrès ? Aujourd’hui, la retraite minimale avec une cotisation pleine est de 970 euros. Avec une inflation de 1,2 % par an (celle de 2019), cela ferait… 1000 euros en 2022.

Bilan : entre 2020 et 2021, le gain serait bien faible. Mieux que rien. Absolument pas, car pour obtenir cette somme il faudra travailler jusqu’à 64 ans, soit 2 années de plus pour ceux qui pouvaient partir à 62 (en annexe un calcul détaillé précise les calculs)

Ce projet c’est vraiment travailler nettement plus pour gagner nettement moins.

D’où l’impérieuse urgence de se mobiliser tou.te.s et dès ce mardi 17 décembre 2019 d’être massivement dans la rue pour montrer que, même si les députés LREM sont trop intelligents, nous, on sait aussi compter.

Annexe sur la retraite à 1 000 euros.

Aujourd’hui 970 €/mois.

Sur la base d’une revalorisation calée sur l’inflation officielle (1,2 %/an), cela porte la retraite à 981,64 €/mois en 2020, à 993,41€/mois en 2021 et plus de 1005 €/mois en 2022. Donc une retraite minimale de 1 000 € ferait gagner 18,36 €/mois en 2020 et 6,59 €/mois en 2021. Il y a de plus grands privilèges.

Mais, ce n’est pas tout. Il faut que cette mesure soit définitivement adoptée. Donc une loi modifiant la loi budgétaire. Vote qui ne pourra intervenir avant la fin 2019.

Il est donc très probable que le “bonus” n’intervienne qu’en 2021.

On se moque du pauvre monde.

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