Le grand perdant sera le salarié qui, bien qu’ayant atteint l’âge légal de la retraite (62 ans), avec toutes ses annuités (41,5 ans), verra sa retraite complémentaire amputée de 10% pendant au moins deux ans. Pour ne pas pâtir de ces malus et conserver un taux plein, le Medef impose un report du départ en retraite d’un an par rapport à l’âge du taux plein. il devra travailler un an de plus et ainsi partir à 63 ans.
L ‘âge de départ à la retraite est ainsi mis en cause .
Les salariés qui ne pourraient différer leur départ subiraient les trois premières années de retraite un abattement de 10 % : une double peine pour les 56 % de salariés qui ne sont plus en emploi et pour les femmes dont la pension est déjà en moyenne inférieure de 40 % à celles des hommes et de 60 % pour les femmes cadres. Les jeunes générations verraient le niveau de leurs futures pensions diminuer de 8,5 % supplémentaires.
Tous les salariés (actifs et retraités) sont perdants sur d’autres mesures, mises en place avant 2019: la désindexation des pensions de – 1 point par rapport à l’inflation pendant trois ans, le décalage de la date de revalorisation des pensions au 1er novembre (au lieu d’avril) et l’augmentation du prix d’achat du point pendant trois ans pour les futurs retraités.
Le « coefficient de solidarité » est applicable pendant les trois premières années de retraite et « au maximum jusqu’à 67 ans ». A l’inverse, ceux qui travaillent deux, trois ou quatre ans de plus, verront leur régime complémentaire bonifié respectivement de 10, 20 ou 30%, pendant un an.
Au total la contribution des salariés actifs et retraités s’établirait à 90 à 95 % du besoin de financement contre 5 à 10 % pour le Medef : soit 5,4 à 5,7 milliards à la charge des salariés et retraités entre 300 et 600 millions pour le patronat.
Après ce constat, savourez ces déclarations : « A l’horizon 2024-2025, ces régimes seront équilibrés », a assuré Laurent Berger (CFDT). L’accord permet « d’assurer l’avenir des retraites complémentaires de tous les salariés, par des mesures adaptées et justes », a déclaré le Premier ministre Manuel Valls.
Pour autant les régimes ARRCO et AGIRC ne seraient pas équilibrés. Le Medef propose donc de mutualiser les réserves des régimes. Il s’ensuivrait un épuisement anticipé de quatre années des réserves de l’ARRCO qui induirait à terme une baisse du niveau des pensions pour tous. De surcroît, l’accord troque l’existence du régime complémentaire AGIRC contre un engagement à ouvrir une négociation interprofessionnelle sur la notion d’encadrement.
Un marché de dupes très lucratif pour le Medef !