« On vous l’avez bien dit »: Les grandes sociétés plus généreuses avec les actionnaires qu’avec les salariés.

  • Les grandes sociétés généreuses actionnaires qu’avec salariésUne étude du cabinet Eres montre l’écart entre dividendes et primes collectives versées aux salariés au sein des entreprises du SBF 120. Les dividendes ont stagné entre 1999 et 2006 pour revenir à un niveau élevé.

Les profits sont-ils bien partagés au sein des grandes entreprises françaises? Un baromètre publié par le cabinet Eres, spécialiste de l’épargne retraite et salariale, apporte des éléments de réponse. Et il risque de faire du bruit parmi les partenaires sociaux.

Selon les calculs du cabinet, les dispositifs de partage des profits pour les salariés (intéressement, participation, prime dividende…) ont été 5 fois moins élevés en 2014 que les dividendes versés aux actionnaires. Soit 4.286 euros de primes diverses pour un montant de dividende de 21.622 euros, calculé en fonction du poids des salariés français dans l’effectif. En moyenne, 70 % des entreprises du SBF 120 ont versé plus de dividendes que de primes à leurs salariés. Une vingtaine ont même versé 10 fois plus de dividende, quand 11 % ont été plus généreuses avec les salariés qu’avec les actionnaires.

Méthodologie contestée

Comment Eres en est arrivé à ce résultat ? «  Le dividende moyen correspond au dividende proratisé des effectifs français  », explique le cabinet. En résumé, une entreprise qui verse 100 millions de dividendes et dont les effectifs en France représentent 25 % du total versera un « dividende France » de 25 millions, qui sera ensuite divisé par le nombre de bénéficiaires pour obtenir un dividende moyen. «  Une méthodologie imparfaite », reconnaît Olivier de Fontenay, faute d’informations plus précises dans les documents de référence des entreprises. «   Mais cela donne malgré tout une idée du partage du profit, très loin du concept des trois tiers (un pour les salariés, un pour l’actionnaire et un réinvesti dans l’entreprise. »

 Le chiffre publié par Eres risque de faire grincer quelques dents. Le représentant d’un groupe du CAC 40 estime ainsi que la méthodologie «  ne correspond pas à la qualité des résultats des entreprises en France, qui s’est souvent dégradée », alors que les géants du CAC réalisent 70 % de leurs profits et de leurs revenus hors de France. » Elles vont devoir faire preuve de pédagogie. « Si l’on regarde les résultats réellement dégagés par les activités en France, hors siège social, les salariés français sont quand même bien traités », poursuit celui-ci. «  Des entreprises en pertes ces dernières années sur le territoire ont continué à verser de la participation. » Il faudrait aussi pouvoir disposer d’une telle étude sur la durée pour lisser l’impact des crises sur les dividendes.

Malgré tout, cette étude a le mérite de rappeler le poids important pris par les dividendes ces dernières années. Sur vingt ans, entre 1991 et 2011, le montant des dividendes des principales entreprises françaises a été multiplié par sept selon une étude de l’IFGE (Institut français de gouvernement des entreprises), à 43 milliards d’euros. S’ils ont stagné entre 1999 et 2006, ils ont eu tendance depuis à rebondir pour revenir en 2014 à un niveau élevé : 46 milliards, rien que pour les entreprises du CAC 40. Cela ne signifie pas pour autant que les entreprises ont choisi de choyer leurs actionnaires au détriment de l’avenir. Car, sur la période, le taux de distribution des profits est passé de 40 % en 1992 à 31 % en 2011.

Pierrick Fay, Les Echos

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