

Malgré la pluie, ils étaient une bonne centaine, samedi 23 novembre, à manifester pour dire leur opposition à la création d’une maison médicale rue de Montrognon, à Ceyrat. Ce n’est pas le projet de création d’une maison de santé qui pose des difficultés : c’est le lieu de son implantation.
« Oui à la maison médicale mais… pas ici »
« On défend notre art de vivre à Ceyrat, c’est tout », avance l’un des manifestants, membre de l’association qui milite contre le projet, « Ceyrat en vert et pour nous tous ». Cet art de vivre, ce sont de petites parcelles de jardins situées aux franges de la commune, entre les dernières maisons et la quatre voies.
« Notre but est de défendre nos jardins et de garder des espaces verts », indique Patricia Pireyre, qui a pris la parole devant les manifestants.
Créée en 2015 pour contester un premier projet, qui prévoyait également des logements sociaux le long de la rue Montrognon, l’association assure que des solutions alternatives sont possibles. Notamment dans le bourg : « Parce que la pharmacie doit aussi s’installer là, ce qui inquiète déjà les commerçants dans le centre de la commune », indique-t-elle. Une pétition contre cette implantation a réuni presque 600 signatures.
Sur ce terrain qui était jusqu’à présent utilisé comme parking, et qui est aujourd’hui bloqué par l’installation de barrières faisant suite à un arrêté municipal, l’association propose de conserver le stationnement (sans goudronner) et de créer un espace vert paysagé.
Un projet datant de 2013, souhaité par les professionnels
Médecin à Ceyrat et impliqué depuis le départ dans ce projet (soit du temps de la municipalité menée par Alain Brochet), Pierre Maublant est venu à la rencontre des opposants pour leur présenter son point de vue. « Le lieu, ce n’est pas forcément notre problème principal, dit-il. C’est surtout une question de calendrier. »

Pour le praticien, qui doit céder sa patientèle dans les deux ans qui viennent, il y a urgence de créer cet outil demandé par les professionnels : il assure que s’il n’est pas réalisé, certains pourraient s’installer ailleurs.
« Cela fait déjà six ans que l’on porte ce projet, on ne peut pas repartir sur un autre projet qui mettra, quoique peuvent en dire certains, au moins quatre ou cinq années avant de se concrétiser. Si cela n’est pas fait dans les deux ans, on court le risque de créer un désert médical à Ceyrat. »
Pierre maublant (Médecin à Ceyrat)
Le médecin avance également l’argument d’une non-conformité de son cabinet aux normes d’accessibilité, avec une dérogation qui arrive bientôt à son terme.
Le maire défend le projet ; ses opposants politiques sont contre
Le conseil municipal, puis à sa suite le conseil métropolitain, a voté la désaffectation de l’espace public utilisé comme parking, qui doit accueillir la maison médicale.
« C’est un terrain à l’abandon depuis longtemps, proche de la zone de jardins, explique le maire, Laurent Masselot. Et c’est un terrain constructible dans le cadre de projets d’intérêt général, ce qui est évidemment le cas ici. Les professionnels ont émis le souhait de se regrouper : c’est ce que l’on voit partout, plus personne ne veut travailler seul. Aujourd’hui, on peut très bien avoir les deux sur ce site : avoir la maison médicale et garder les jardins. »

Créadimm, un promoteur spécialisé dans les maisons médicales et basé à Normandie, est en charge de monter le projet, sur des fonds privés, avec les professionnels intéressés. Le permis de construire est en cours d’instruction.
A quelques mois des municipales, la polémique a pris, forcément, une teinte politique. Eric Egli et Anne-Marie Picard, qui ont chacun l’intention de présenter leur liste aux municipales, se déclarent opposés au projet actuel et défendent la nécessité de se diriger vers « des projets alternatifs », en respectant le calenndrier d’une ouverture en 2021.
« On verra bien aux municipales, assure un manifestant. Chaque liste aura son projet de maison médicale, les Ceyratois pourront faire leur choix. »
Philippe Cros
Publié le 23/11/2019 à 16h23