Quand un flutiste bossu souffle la réflexion sur l’autonomie semencière

Nouvelle imageDes semences pour les jardins d’Artière…et d’ailleurs. Le lundi 11 mai, l’Atelier du Front de Gauche invitait à Beaumont des représentants de l’association Kokopelli pour une après-midi et une soirée jardinières placées sous le signe du partage des semences. Cette association Kokopelli commence à être bien connue pour les efforts incessants sous lesquels elle distribue des semences issues de l’agriculture biologique et biodynamique. Son action se situe dans le cadre de la défense d’un certain nombre de valeurs auxquelles le Front de Gauche est très attaché: préserver la biodiversité, rendre accessibles aux jardiniers des espèces potagères devenues rares, redonner des semences traditionnelles aux paysans du tiers-monde…


Le semeur de vie. Kokopelli était, dans d’anciennes civilisations précolombiennes, un joueur de flute (faussement) bossu. De son instrument sortaient à la fois de mélodieux accords et des graines magiques qui, en se répandant sur la terre nourricière, semaient la vie. Aujourd’hui encore il arrive que des flutes amérindiennes rythment des chants de luttes et d’espérance. Au Venezuela, en Bolivie, en Equateur…des indiens devenus Latinos sont là pour nous rappeler que « l’humain d’abord » c’est notre combat.
De l’animation dans nos jardins. Et par une bien chaude après-midi la grange municipale de Beaumont à Notre-Dame de la Rivière voyait défiler nombre d’horticulteurs amateurs. Beaucoup d’entre eux étaient venus à la recherche du paquet de graines d’où ils verraient sortir les plus étonnants des légumes. D’autres étaient là pour échanger conseils, trucs et astuces. Et ce n’étaient pas les ardeurs d’un saint de glace bizarrement reconverti en journée de canicule qui pouvaient les décourager ! Ils trouvèrent de quoi répondre à leurs attentes avec les visites de quelques lopins méticuleusement aménagés en jardins d’agrément ou en potagers par les habitants du secteur.
Semences sans frontières. La sympathique réunion se terminait à l’auditorium Anna Marly par une conférence animée par Jocelyn Moulin. Ce fut l’occasion d’élever le débat et d’avoir une réflexion collective sur quelques grands problèmes tournant autour de l’autonomie semencière et alimentaire. Depuis quelques décennies les grands groupes de l’agroalimentaire ont réussi à remplacer partout dans le monde les variétés paysannes traditionnelles par des semences hybrides (les fameux F1) ou OGM. Celles-ci sont stériles, biologiquement pour les hybrides, juridiquement pour les OGM (s’en servir signifie poursuites pour vol de brevet !). Le résultat est la création d’un gigantesque marché captif obligeant les paysans à acheter leurs semences tous les ans. Jocelyn parvient à animer avec brio une réflexion collective sur les actions à développer pour aller vers l’autonomie semencière, condition nécessaire de l’autonomie alimentaire. Condition nécessaire mais non suffisante car semer sur quelles terres ? Propriété de qui ?

Michel Dugay

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