En 1981 Robert Badinter s’était brillamment illustré dans l’abolition de la peine de mort.
Pourtant en 2015 il veut guillotiner le code du travail
Mercredi 17 juin est paru l’ouvrage de Robert Badinter et Antoine Lyon-Caen intitulé « Le travail et la loi ». Il vient conforter cette triste période de reflux social.
Ce livre repose sur l’idée que la complexité croissante du droit, l’inflation législative contribuent au chômage. Cette idée absurde signe le retour en force d’une obsession libérale, qui est démentie jusqu’à l’OCDE.
Les auteurs ont poussé le cynisme jusqu’à rédiger une Déclaration des droits du… travail et non des travailleurs. À rebours de l’esprit de la Déclaration des droits de l’Homme qui reconnait des droits aux individus, il n’est proposé ici de ne reconnaitre que leur fonction économique.
Certains diront qu’il n’y a pas grand-chose de neuf dans ces quelques articles, qu’il ne s’agit que d’une reprise de certains droits existants. C’est hélas loin d’être exact. A titre d’illustration, la place laissée à l’accord collectif constituerait un recul des protections légales qui concernent tous les salariés.
La simultanéité de cette parution avec les récents amendements à la loi Macron adoptés par la droite au sénat, la réaction enthousiaste de Pierre Gattaz, et de la commission « accords collectifs et travail », qui doit rendre ses travaux en septembre, lève toute ambiguïté. La machine était bien huilée. Le livre a été annoncé hier pour faire oublier le plafonnement des indemnités en cas de licenciement abusif, et aujourd’hui, en pleine tempête sur le 49-3, Emmanuel Macron annonce qu’il veut continuer à réformer le marché du travail.
Nous aurions pu nous passer de cette énième connivence, entre une « certaine gauche » et le patronat ainsi que la droite. La mise à mort des droits des salariés serait-elle le vrai programme de ce gouvernement ?