Emmanuel Macron et son gouvernement ne gèrent pas la crise, ils gèrent la pénurie.
Tout manque dans notre pays : le personnel soignant, les lits, les masques, les tests et même certains médicaments. Ils auraient dû assumer le rôle de l’état : organiser la réquisition et la nationalisation d’entreprises stratégiques, décider quels sont les secteurs économiques essentiels qui doivent continuer, et ceux qui mettent inutilement la vie des salariés en danger.
Au lieu de cela, on se retrouve avec une production nationale de seulement 8 millions de masques par semaine après un mois de confinement, alors que le Maroc en produit 21 millions dans le même temps ! Les salariés de l’usine de Plaintel qui, jusqu’en 2018, produisait 4 millions de masques par semaine, ont été abandonnés et l’usine délocalisée en Tunisie. Ils refusent de nationaliser Luxfer pourtant seul producteur de bouteilles d’oxygène médical européen et indispensable à notre souveraineté sanitaire.
Et pendant ce temps l’installation de l’état d’urgence sanitaire et les ordonnances qui l’ont suivi restent fidèles à leur programme d’atteinte aux droits et libertés fondamentales et d’attaque des droits des salariés : durée du travail portée à 60 heures hebdomadaires, possibilité pour l’employeur d’imposer des RTT ou des jours de congés aux salariés confinés, ou encore atteinte au repos hebdomadaire. Mais bien évidemment, le gouvernement refuse de rétablir l’ ISF ou d’interdire aux entreprises de verser des dividendes aux actionnaires, comme de protéger les plus précaires : moratoire sur les loyers, encadrement des prix des denrées alimentaires ou la gratuité des frais funéraires.
Cette situation ne doit rien au hasard ou à la fatalité : elle est le résultat des politiques d’égoïsme social, de libre concurrence et d’austérité qui ont cassé tous nos services publics. Croire que ce que nous vivons n’est qu’une parenthèse et que tout pourra recommencer comme avant est une absurdité ou une folie. Nos sociétés vont être confrontées à d’autres phénomènes climatiques et écologiques. Or le gouvernement n’envisage pas une rupture, mais un retour au monde d’avant, voire pire.
Il nous faut rompre avec cette société qui n’est organisée que pour le profit de quelques uns au détriment de la majorité sociale de ce pays et plus largement des conditions écologiques de la vie de l’ensemble de la biodiversité dont la vie humaine.
L’urgence n’est pas de casser nos droits sociaux mais de partager les richesses, d’instaurer une règle verte (ne pas prendre plus à la Terre que ce qu’elle peut reconstituer) et de redonner le pouvoir au peuple. Sans souveraineté populaire, c’est la finance qui commande. La Constituante est nécessaire pour que l’intérêt général puisse prévaloir sur les intérêts privés.
Les plans de relance préparés en France et dans l’Union Européenne sont insuffisants, et sans rupture avec le système capitaliste qui détruit les écosystèmes et met en danger les humains. Le plan de relance massif ne doit pas viser à rétablir les profits des multinationales qui vont de nouveau nous amener au désastre, mais au contraire partir des besoins essentiels des gens pour permettre à chacun une vie digne. L’investissement public doit d’abord aller vers les services publics, l’augmentation des salaires, les énergies renouvelables, la rénovation énergétique, les commerces de proximité, et acter que nous refusons toute privatisation de nos communs que sont la santé, l’éducation, l’eau, l’énergie, les forêts ou l’air.
Rompre avec Macron et son monde, voici le geste barrière le plus efficace ! Pour cela il nous faudra définir collectivement et démocratiquement comment nous voulons vivre. Mais cela passera par notre mobilisation
- dans les luttes : n’oublions pas qu’avant cette crise sanitaire, les soignants étaient en grève depuis plus d’un an pour lutter contre l’austérité qui, depuis des dizaines d’années, a conduit à la casse de l’hôpital public. Cela ne signifie pas que la grève et la lutte ne servent à rien, mais que, collectivement, nous ne les avons pas suffisamment soutenus.
- dans les élections : il faut chasser de tous les échelons de pouvoir, de la commune au parlement européen, celles et ceux qui mènent ces politiques ou les soutiennent de près ou de loin.
François Ulrich
02/05/2020
Tout ceci est tellement vrai. Et la situation n’est pas nouvelle. Depuis plusieurs décennies, les pouvoirs en place ont sacrifié le travail, les travailleurs et le bien commun. Tous, sans exception. Rappelons que c’est sous un gouvernement PS qu’a eu lieu la plus grande vague de privatisations, que c’est sous le quinquennat Hollande que, au nom des économies, les dispositifs de prévention sanitaire ont été sacrifiés (ex : stock de masques)…etc. Et comble d’ironie, c’est grâce à Hollande et au PS que s’est imposé E. Macron.
Effectivement, à tous les niveaux et à tous les instants, il faudra se rappeler les méfaits de ces néo-libéraux et de ceux qui les aident.